Paroisse du Sacré-Coeur/Kinshasa-Gombe : Vigil de Noël,Messe de minuit, Nativité de NSJC

Paroisse du Sacré-Coeur/Kinshasa-Gombe : Vigil de Noël, Messe de minuit, Nativité de NSJC
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(Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14)

Frères et sœurs, Joyeux Noël ! Cette année, nous célébrons la fête de Noël dans un contexte particulier, connu de tous. Je voudrais davantage vous inviter à demander la grâce de la paix pour les congolais et pour tous ceux qui ont choisi de vivre au Congo, sachant que nous sommes dans la période électorale ou post-électorale.

Oui, demandons la grâce de la paix pour notre pays. L’enfant Jésus est le prince de la paix. Il fait de nous des artisans de paix. La paix n’est pas un vain mot mais c’est un comportement, une valeur pour tout disciple du Christ. Gloire à Dieu au plus des cieux, et paix sur terre aux hommes qu’il aime !

Dieu fait homme, l’Emmanuel nous apporte la paix.  Certes, nous vivons dans un contexte de tension latente aussi longtemps que les résultats des élections ne sont pas encore connus. Cependant, tout le monde souhaite qu’on en arrive pas au bain de sang. Il y a donc au fonds de chacun le désir de passer ces jours qui nous séparent de la fin de l’année dans la paix.

Le désir de paix a toujours habité les hommes et les femmes de toute culture et de toute époque. Dans la première lecture, on nous parle du peuple d’Israël qui, après avoir habité dans les ténèbres, a vu une grande lumière. Ce peuple est passé de la peine à la joie, de la souffrance à la prospérité. Sa souffrance est décrite par des expressions assez fortes : un joug pesait sur eux, la barre meurtrissait leur épaule, le bâton du tyran les frappait, etc. Mais toute cette situation a été bouleversée. Car le Seigneur est intervenu pour renverser la situation ; il a brisé tous ces instruments de la tyrannie : Il a brûlé les bottes qui frappaient le sol et leurs manteaux couverts de sang… L’événement majeur par lequel le Seigneur est intervenu n’est autre que la naissance d’un fils. De quoi s’agit-il ?

Au fait, Israël était menacé par ses voisins et le jeune roi Akhaz se trouvait impuissant face à ses ennemis.  Il cherchait, lui aussi à recourir à la force. Mais Dieu, par la bouche du prophète Isaïe, l’en dissuada, en l’exhortant à compter sur la force que procure le Seigneur. La naissance d’un enfant, son successeur, était un signe que Dieu lui-même se chargeait de la continuité de la royauté. Son royaume n’allait donc pas tomber car il était entre les mains de Dieu.

Frères et sœurs, nous pouvons tirer beaucoup de leçons de cette lecture. D’abord, que le pouvoir terrestre est toujours à envisager en même temps que le pouvoir de Dieu. Le roi doit être à l’écoute de Dieu et de son peuple. Les prophètes eux aussi, doivent dire ce qui vient de Dieu, et non faire passer leurs propres idées pour la parole de Dieu. Quant au peuple, il doit veiller à ce que, d’une part la royauté terrestre contribue à l’établissement de la justice et de la paix, et d’autre part, considérer la réalité de l’autre Royauté, à savoir celle du Seigneur. Car en définitive, c’est le Seigneur qui dirige les destins des peuples. Ainsi, pour notre pays, il nous appartient à tous d’œuvrer pour la paix et la justice dans notre pays mais aussi demander au Seigneur de nous accorder la vraie paix et de continuer à guider la destinée de notre peuple.

Si pour le peuple d’Israël, l’intervention du Seigneur a été vue au travers de la naissance d’un enfant, pour nous aujourd’hui et pour le monde entier, la naissance de l’enfant Jésus est l’événement par excellence à travers lequel tout doit être envisagé. Car l’enfant Jésus est celui dont le prophète Isaïe a annoncé la naissance. Il est le vrai Prince de la paix, le vrai Roi dont le pouvoir et la royauté n’ont pas de fin.

Frères et sœurs, la deuxième lecture d’aujourd’hui peut aussi être accueillie dans le même contexte qui est le nôtre aujourd’hui. Dans sa lettre à Tite, saint Paul annonce que la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Pour l’écrivain biblique, cette même grâce nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété. Quel bel appel au peuple congolais en ces jours ! Pouvons-nous, frères et sœurs, nous efforcer de vivre de manière raisonnable ? Pouvons-nous apprendre à renoncer à l’impiété, au mal et aux convoitises démesurées de ce monde ? En effet, il y a un appel, pour nous peuple congolais, à renoncer à la violence. L’appartenance à différentes tribus et à différents partis politiques n’est pas un argument pour nous entretuer avec des machettes, des couteaux et des jets de pierres… Ne sommes –nous pas un même peuple et une même nation ? Par ailleurs, nous savons bien que le peuple congolais est très pieux, très croyant, très pratiquant. Même si nous appartenons à différentes églises, il nous arrive de nous retrouver dans des deuils pour pleurer ensemble ou dans des fêtes pour danser ensemble. En cette veillée de Noël, beaucoup de congolais sont en prière. Malheureusement, c’est encore le même peuple qui est encore capable de descendre dans la rue pour s’affronter violemment. Peuple congolais, ne vivons pas en ennemis, car nous sommes des frères et sœurs.  Dans une même famille, on peut avoir des membres qui appartiennent à différents partis politiques. Devraient-ils s’entretuer à cause de cette diversité d’appartenance aux différentes familles politiques ? Comme chrétiens et croyants, revenons à la raison et cessons de recourir à la violence en cette période post-électorale. En Jésus Christ, devenons, un peuple ardent à faire le bien, comme le dit encore saint Paul à Tite.

Frères et sœurs,

L’évangile de cette veillée commence par l’épisode du recensement de tout Israël. Joseph et Marie se rendent eux aussi à Bethléem pour le recensement, car Joseph était de la lignée de David. Malgré la fatigue de Marie qui était enceinte, ces deux jeunes époux tiennent à accomplir leur devoir civique, celui de se faire recenser. Ici aussi, il y a un lien avec notre contexte socio-politique de ces jours. Il y a quelques jours, les Congolais se sont rendus aux urnes pour voter et ainsi accomplir un devoir civique, à l’instar de Joseph et Marie. Le peuple congolais s’est massivement rendu aux urnes, même les vieilles personnes et les malades. C’est un signe de maturité politique et d’une grande volonté de participer à la gestion politique du pays car si d’une part, les autorités politiques ont un pouvoir, le peuple lui aussi, a le sien, qu’il exerce notamment au moment des élections.

Pour Joseph et Marie, c’est pendant cet exercice commun de recensement que Jésus est né. Si au cours du recensement, chacun devait rentrer chez lui, on peut imaginer combien tout Israël était en mouvement ; les gens allaient dans tous les sens. Et c’est au cours de tous ces événements que le Seigneur surgit. En fait, par-delà l’effervescence du recensement, le Seigneur invite à tendre l’oreille et à ouvrir les yeux pour voir ce qu’il réalise et pour entendre ce qu’il dit.

Pour nous aussi, dans ce même contexte électoral, ne nous laissons pas distraire par les bruits des réseaux sociaux et d’autres agitations du moment. Au cœur des démarches et autres initiatives qui se prennent en ce temps, n’oublions pas de tendre l’oreille pour entendre ce que le Seigneur nous dit, et d’ouvrir les yeux pour voir ce qu’il réalise pour nous. La fin de l’année est la période indiquée pour nous arrêter et faire le bilan de ce qu’a été l’année en cours, particulièrement dans notre relation avec le Seigneur. Malgré le contexte, c’est tout de même la fête de Noël, avec l’appel à accueillir le Fils de Dieu dans nos cœurs. L’enfant dont nous célébrons la naissance est vraiment Dieu parmi nous, le Sauveur du monde et de toute l’humanité. Ce Sauveur vient pour tous, grands et petits, pauvres et riches, malades et bien-portants, les saints comme les pécheurs… En effet, dans l’évangile, l’on mentionne l’empereur Auguste, et Quirinius le gouverneur de Syrie. Eux aussi, tout comme les bergers qui veillaient à la belle étoile, sont invités à rentrer en eux-mêmes pour méditer sur le mystère de l’homme-Dieu.

Frères et sœurs,

Si nous voulons vivre dans la paix, nous avons aussi le devoir de toujours prier pour ceux qui nous dirigent, quelles que soient leurs tendances ou leurs ambitions, afin qu’ils s’occupent mieux du destin de leurs peuples. L’Eglise et les écritures saintes nous invitent à toujours prier pour ceux qui nous dirigent.

En effet, le Psaume 71 dit :

01 Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice.

02 Qu’il gouverne ton peuple avec justice, qu’il fasse droit aux malheureux !

04 Qu’il fasse droit aux malheureux de son peuple, qu’il sauve les pauvres gens, qu’il écrase l’oppresseur

12 Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours.

13 Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie.

14 Il les rachète à l’oppression, à la violence ; leur sang est d’un grand prix à ses yeux.

18 Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, lui seul fait des merveilles !

19 Béni soit à jamais son nom glorieux, toute la terre soit remplie de sa gloire ! Amen ! Amen !

Saint Paul, lui aussi, écrit dans sa première lettre à Timothée, (1 Timothée 2:1-2) J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté.

Que le Seigneur nous accompagne en cette période. Que Jésus-Christ soit accueilli par chacun de noiss comme le seul Sauveur. Qu’il accorde sa paix aux pays en guerre, au monde entier, à notre pays, à nos familles et à chacun et chacune en particulier, amen !

Rigobert Kyungu, SJ

Provincial ACE

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