Mon vœu : « La foi : un défi de tous les jours »
« La foi soulève les montagnes »… Bon nombre de ceux qui, à travers le monde, emploient cette expression n’ont jamais ouvert une Bible, ni parfois même assisté de leur propre chef à un office religieux, mais un fait est certain : cette phrase se vérifie chaque jour, pour exprimer une hardiesse, un exploit, un succès dû à la confiance en soi, à l’effort, à la persévérance… Cette phrase à contenu explicitement religieux est entrée dans notre langage courant, mais on l’utilise souvent en oubliant ce que fut sa référence première.
Si, par exemple, la RDC devenait un jour une grande nation prospère, où il fait beau vivre, où la justice punit les coupables et reconnaît les droits des travailleurs… à coup d’efforts, d’abnégation et de bonne gouvernance, chaque Congolais pourrait s’exclamer « la foi soulève les montagnes ». Ceci serait du christianisme invisible. Nous, c’est à Jésus directement que nous empruntons cette expression. Nous n’avons pas seulement foi en nos efforts ou capacités de réaliser des « choses » ; nous avons foi en Lui, le Dieu qui s’est offert pour nous libérer de toute barrière et par qui nous recevons la grâce infinie du royaume des cieux. Il nous accorde, de surcroît, tout ce qui est beau et bon pour notre vie d’ici-bas. Dieu accorde le don de la foi à ceux qui le respectent et lui obéissent comme Créateur, à tous ceux qui l’aiment et ont confiance en lui comme Sauveur, tous ceux qui l’adorent et le reconnaissent comme Père. En même temps qu’elle est don, la foi est aussi la réponse que nous accordons à cet appel de Dieu. C’est ainsi que notre foi est un défi de tous les jours, comme Saint Jacques nous le rappelle. Il nous parle, en effet, des manifestations concrètes de ce que nous entendons par « foi » : « La foi, si elle n’est pas mise en œuvre est bel et bien morte » (Jc 2, 14-24,26).
En effet :
- Comment aurions-nous foi en Dieu comme Créateur, si nous ne lui obéissons pas et si nous ne le respectons pas dans notre agir quotidien ?
- Comment le reconnaître comme Sauveur, si nous ne l’aimons pas et si nous n’aimons pas notre prochain par des actes concrets ?
- Comment l’accepter comme Père, si nous ne l’adorons pas par notre vie ? En somme, nous manifestons notre foi en vivant la plus grande demande d’amour qu’un cœur d’homme n’a jamais imaginé : aimer Dieu comme on s’aime ; aimer son prochain comme Dieu nous aime. Le prochain englobe aussi bien nos parents, nos amis, nos connaissances… que tous ceux qui se présentent à nous, voire nos ennemis.
C’est le défi, c’est cela « porter sa croix» dont parle Jésus. « Nous avons la foi» en Jésus dans la mesure où nous mettons la Parole de Dieu en pratique, dans la mesure où nous imitons ce que Jésus a fait (et même davantage).
La foi implique l’amour, la vérité, la justice, la joie. Dans quelle mesure sommes-nous des instruments de l’amour, de la justice et de la joie qui viennent de Dieu ? C’est seulement de cette manière que nous pouvons montrer notre foi aux autres.
Dans la ville de Kinshasa, plusieurs frères et sœurs passent des heures et des jours dans des temples et sanctuaires pour adorer et prier. Nous ne pouvons que nous réjouir de voir des hommes et des femmes adorer Dieu. Mais estce suffisant d’enfermer Dieu dans un sanctuaire sans le manifester aussi dans la vie et vis-à-vis de notre prochain ? La foi doit se manifester dans les actes. Si j’ai la foi en Dieu qui est amour, cela doit se manifester dans les œuvres de charité. Si j’ai la foi en Dieu qui est vérité, je dois être témoin de cette vérité. Si j’ai la foi en Dieu qui est pain de vie, je dois assurer le pain pour la vie des autres. Saint Jacques nous dit de mettre notre foi dans les œuvres. Jésus nous enseigne de prendre notre croix pour bien contempler la sienne. Qu’il nous accorde la grâce de comprendre l’immensité de son amour pour nous afin que nous aimions le monde par son cœur plein de compassion.
Père Crispin Mbala sj
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