Homélie du 5ème dimanche ordinaire – Année C (Père Rigobert KYUNGU, SJ)

Frères et sœurs, nous célébrons aujourd’hui le 5^ème dimanche ordinaire de l’année liturgique C. La première lecture est tirée du livre du prophète Isaïe (6, 1-2a.3-8). La deuxième lecture provient de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (1 Cor 15, 1-11). Nous lirons l’évangile selon saint Luc (Lc 5, 1-11).

Ces lectures nous invitent à considérer comment répondre à l’appel à servir le Seigneur car la moisson est encore abondante et les ouvriers toujours peu nombreux.

Dans la première lecture, le prophète Isaïe relate le récit de sa vocation. Il atteste avoir vu le Seigneur qui lui a révélé sa gloire. Pécheur qu’il était, il s’en est montré indigne mais Dieu lui a accordé sa miséricorde et l’a purifié pour faire de lui le messager de sa parole. Saint Paul, dans la deuxième lecture rappelle d’une part la bonne nouvelle qu’il prêche, basée sur le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus. D’autre part, il rappelle aussi sa vocation et montre comment de pécheur qu’il était, il est devenu apôtre de Jésus au même titre que les douze, sans aucun mérite de sa part. Quant à l’évangile, il parle de l’appel de Simon-Pierre lors de la pêche miraculeuse, après que Jésus lui ait demandé d’avancer au large. A la vue de ce signe, Simon réalise son indignité au point de demander à Jésus de s’éloigner de lui. Mais au contraire, Jésus le rassure en affirmant qu’il ferait de lui un pêcheur d’hommes.

Il y a une constance dans ces trois lectures. D’une part Dieu révèle sa gloire à la personne qu’il appelle, et d’autre part la personne prend conscience de sa fragilité et de son indignité, face à la majesté de Dieu. Il en est de même de nombreuses autres personnes que le Seigneur appelle. Mais en dépit de ce sentiment d’indignité, c’est Dieu lui-même qui appelle l’homme tel qu’il est. Dieu n’attend pas que l’homme se soit sanctifié pour l’appeler à son service. C’est plutôt Dieu lui-même qui fait agir sa grâce, comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture. Dans son amour, Dieu accorde sa miséricorde à l’homme, et lui redonne sa dignité. L’homme est certes un pécheur, mais un pécheur toujours pardonné, aimé et envoyé par Dieu. Nous ne devons donc pas attendre d’acquérir une dignité particulière pour répondre à l’appel du Seigneur. S’il a ainsi appelé des pécheurs, c’est pour nous montrer que nous aussi, nous pouvons le servir car c’est lui-même qui nous en rend dignes par delà nos indignités.

Remarquons que pour prêcher à la foule, Jésus a emprunté la barque de Simon. La barque est aussi un instrument humain, fragile et limité. Elle représente l’Eglise qui est sainte, bien que composée d’hommes et de femmes fragiles. Le Seigneur s’en sert pour transmettre son message de salut. Il nous revient d’accepter les limites et les fragilités de l’Eglise en implorant sans cesse la grâce de sa purification. La barque représente donc Simon lui-même avec toutes ses limites. Il en est de même pour nous aussi. Sommes-nous prêts à la prêter au Seigneur afin qu’il en dispose pour annoncer sa Bonne Nouvelle ?

Par ailleurs, c’est sur l’ordre de Jésus que Simon a attrapé beaucoup de poissons au point de faire recours à ses amis qui étaient dans l’autre barque. Pour nous aussi, lorsque nous avons peiné sans rien prendre, nous ne devons pas nous arrêter car le Seigneur nous invite à avancer au large et à aller toujours plus loin. Il nous suffit de l’écouter et de lui obéir comme a fait Simon.