Homélie du 4ème dimanche de carême – Année C (Père Rigobert KYUNGU, SJ)
Frères et sœurs, nous célébrons aujourd’hui le quatrième dimanche de carême de l’année liturgique C. C’est le dimanche du « laetare » ou de la joie. En effet, nous sommes à mi-chemin du carême et l’Eglise nous offre une petite pause dans nos efforts de pénitence en nous invitant à nous réjouir pour la résurrection de Jésus qui pointe à l’horizon. Laetare Jérusalem, réjouis-toi Jérusalem !
La première lecture de ce dimanche est tirée du livre de Josué (Jos 5, 9a.10-12). La deuxième lecture provient de la seconde lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (2 Co 5, 17-21). Nous lirons l’évangile selon saint Luc (Lc 15, 1-3.11-32). Ces lectures nous parlent du thème de la réconciliation, dont le fruit est la joie. En effet, se réconcilier signifie rétablir une relation brisée. Il est question d’améliorer nos relations avec Dieu et avec les autres.
L’évangile nous rapporte une parabole bien connue, celle dite du fils prodigue. Ce jeune homme avait brisé sa relation de fils à l’égard de son père, en exigeant que lui soit remis l’héritage qui lui revenait. L’envie des biens matériels a été la cause de la rupture de leur relation. Cela advient encore de nos jours : à cause des biens de ce monde, nous sacrifions nos relations amicales, fraternelles et familiales. La parabole de cet évangile met aussi en exergue la colère du fils aîné envers son père, pour la simple raison que le père avait bien accueilli le fils cadet à son retour. Et le fils aîné a des mots très durs à l’endroit de son frère. Parlant du cadet à son père, le fils aîné dit « ton fils », et non pas « mon frère ». Cet évangile veut nous montrer que les relations fraternelles valent de loin beaucoup plus que tout l’or du monde. Il nous invite à ne pas les briser à cause des biens de ce monde ; et le père de la parabole nous l’exprime bien, dans ses attitudes. En effet, il ne résiste pas lorsque son fils réclame sa part, et il ne lui demande pas non plus de rendre des comptes à son retour. Au contraire, il reste généreux jusqu’au bout. Et en parlant au fils aîné, il lui montre que la relation et l’affection paternelles sont la plus grande richesse qu’il puisse lui donner, par delà le chevreau et le salaire qu’il réclame. La vraie réconciliation adviendra dans cette famille lorsque ces deux enfants comprendront qu’être fils est un titre qui demeure pour toujours, et que préserver la fraternité est source de grand bonheur.
Saint Paul, dans la deuxième lecture montre comment dans le Christ, Dieu nous a réconciliés avec lui. Pour lui, la réconciliation signifie quitter le monde ancien pour être, dans le Christ, une nouvelle créature. Dans nos relations fraternelles, la réconciliation passe par le pardon qui nous appelle à tourner la page et à ne pas rentrer sur les offenses du passé. Le père de l’enfant prodigue n’a pas voulu revenir sur ce que son fils a fait. Pour lui, il fallait fermer les yeux sur le passé, festoyer et entrer dans un nouvel ordre des choses.
Quant à la première lecture, elle nous parle aussi d’un passage de l’ordre ancien à l’ordre nouveau. En effet, les fils d’Israël célèbrent leur arrivée dans la terre promise, après avoir traversé le Jourdain, comme jadis ils avaient traversé la mer rouge. Ils rendent grâces et célèbrent la pâque, qui signifie justement passage. Ils mangent les produits de la terre auxquels ils n’avaient plus accès, et sont enfin réconciliés avec Dieu, avec leur terre et leurs habitudes. Le retour de l’enfant prodigue a aussi été célébré dans une fête. Pouvons-nous aussi célébrer notre réconciliation avec notre prochain ? N’oublions pas non plus la célébration du sacrement de la réconciliation, surtout en ce temps de carême.
A l’approche des célébrations pascales, regardons-nous face à face, pour enterrer nos rancœurs, nous pardonner sans condition pour célébrer la joie de la fraternité. Car notre Pâques n’aura de sens que si nous effectuons d’abord un passage intérieur pour combattre nos envies, nos égoïsmes et nos jalousies, et ainsi fonder nos relations sur l’amour et la fraternité, et non sur la recherche des biens matériels. Demandons-en la grâce au Seigneur, Amen.
Rigobert Kyungu, SJ
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