Homélie – Veillée de Noël (Année A) | P. Rigobert Kyungu, SJ
Frères et sœurs, ce soir nous célébrons la veillée de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ. La première lecture est tirée du livre du prophète Isaïe (Is 9, 1-6). La seconde lecture provient de la lettre de saint Paul à Tite (Tt 2, 11-14). Nous lirons l’évangile selon saint Luc (Lc 2, 1-14).
Ces lectures nous invitent à nous réjouir intensément pour la venue au monde de Jésus-Christ, l’envoyé du Père, pour nous apporter le salut et la vie éternelle.
La première lecture reprend l’extrait de l’oracle de l’Emmanuel. Ce texte s’adressait d’abord au Roi Akaz qui, au 8ème siècle avant Jésus-Christ, était menacé par ses ennemis. Akaz qui n’avait pas encore d’enfant, craignait de mourir sans laisser de descendance. Sa crainte se justifiait du fait que sa mort mettrait fin à la dynastie davidique. Ainsi voulait-il s’en aller en guerre afin de défendre la dynastie par la force. C’est alors qu’intervient le prophète pour lui interdire d’aller en guerre. Le prophète annonça que l’épouse du roi était déjà enceinte d’un garçon, futur successeur du roi. Le Seigneur, par l’entremise du prophète, invitait le roi à la non-violence et à ne compter que sur le Seigneur. Voilà le sens de tous les noms réservés à l’enfant : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. » Plus tard, ces paroles seront aussi attribuées à l’enfant Jésus, lorsque l’ange annonça la conception virginale de Marie et la naissance de Jésus. En effet, Jésus sera le vrai prince de la paix, l’image même de Dieu, l’Emmanuel, Dieu avec nous. Dans la seconde lecture, Saint Paul s’adressant à Tite, souhaite que nous renoncions à l’impiété et aux convoitises de ce monde afin de vivre le temps présent de manière raisonnable avec justice et piété. Pour lui, Jésus s’est donné pour nous afin que nous soyons un peuple ardent à faire le bien.
Avec l’évangile, nous pouvons remarquer combien Jésus est le Dieu-avec-nous, dans les réalités qui sont les nôtres aujourd’hui. En effet, Jésus est né en plein déplacement de Joseph et Marie qui se trouvaient à Bethléem pour le recensement. Et comme ils étaient loin de leur maison, ils ne pouvaient même pas trouver de place convenable pour la naissance de Jésus. Aujourd’hui, nous connaissons le phénomène des migrants à travers le monde, ainsi que de nombreux déplacés internes dans leurs propres pays à cause de guerres multiples, et qui peinent à trouver un toit pour vivre paisiblement leur exil. Nous pouvons comprendre en cette nuit, que par delà nos égoïsmes, le Dieu de bonté sait les rejoindre là où ils sont ici et maintenant, comme pour Joseph et Marie.
Le récit de l’évangile renseigne que la nouvelle de la naissance de Jésus n’est annoncée ni à l’empereur Auguste, ni à Quirinius qui était gouverneur de la Syrie. C’est plutôt aux pauvres bergers qui passaient la nuit à la belle étoile, que les anges sont apparus pour annoncer la nouvelle et les inviter à aller rendre hommage au Messie qui venait de naître. Aujourd’hui aussi, la nouvelle de la naissance de Jésus peut passer inaperçue pour ceux qui se contentent de ne rechercher que leur propre bien être, dans l’ignorance et l’indifférence par rapport à Dieu et à la situation des autres. Car la nouvelle de la naissance de Jésus est davantage destinée à tous ceux qui se reconnaissent être des pauvres en esprit et qui laissent de l’espace pour Dieu et pour les autres dans leurs cœurs.
Par sa naissance dans notre monde, Jésus vient unir le ciel et la terre, et fait entrer sa divinité dans notre humanité. Dans le chant des anges, nous trouvons aussi la mention du ciel et de la terre. En effet, les anges proclament la gloire de Dieu au ciel, et la paix aux hommes sur la terre. Autrement dit, lorsque nous œuvrons pour la paix en ce monde, nous rendons gloire à Dieu, et le ciel peut se réjouir avec nous. Mais il s’agit d’œuvrer pour la paix avec des moyens de la non-violence car la guerre ne génère rien de bon. Avec la guerre, se perpétue toujours le cycle de la violence. Cela vaut entre nations mais aussi dans nos relations les uns envers les autres.
A la lumière de ces lectures et dans la joie de Noël, demandons au Seigneur de nous purifier et de nous rendre dignes de sa présence parmi nous afin qu’avec lui nous transformions ce monde qu’il nous a donné et qu’ainsi se manifeste sa gloire, amen.
Rigobert Kyungu, SJ







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