Vendredi Saint : «Nous commémorons la passion et la mort de Jésus» (Père Rigobert KYUNGU, SJ)
Frères et sœurs, En ce jour du Vendredi Saint, nous commémorons la passion et la mort de Jésus. C’est un jour qui invite au silence, afin de mieux peser le poids du sacrifice de Jésus sur la croix pour notre salut. La crise actuelle du monde avec des guerres dans plusieurs pays, assombrit davantage le climat de ce jour.
Mais par-delà la tristesse que nous éprouvons à cause de la mort de Jésus et d’autres situations malheureuses, l’Eglise nous invite à croire en la victoire de la vie sur la mort, du bien sur le mal et de l’amour sur la haine. Car la croix de Jésus annonce déjà la gloire de sa résurrection d’entre les morts.
La première lecture de ce jour provient du livre d’Isaïe au chapitre 52,13-15.53,1-12. Le prophète y parle aussi de la victoire. Par sa bouche, le Seigneur dit : Mon serviteur réussira, il montera, il s’élèvera, il sera exalté. Il s’agit du serviteur souffrant qui subit outrages et mépris de la part des hommes, sans pour autant se venger. Il se laisse faire, il s’humilie et les gens pensent qu’il est abandonné du Seigneur, châtié par lui. Telle est aussi l’attitude de Jésus, le serviteur souffrant par excellence, qui va subir toutes sortes d’humiliations sans protester, et qui, grâce à son obéissance et à son amour jusqu’à l’extrême, sera exalté par son Père dans l’événement de la résurrection.
La deuxième lecture est tirée de la la lettre aux Hébreux (Hb 4,14-16.5,7-9). L’auteur de cette lettre nous montre que Jésus a vécu dans sa chair tout ce que peuvent vivre les humains, à l’exception du péché. Jésus a partagé les faiblesses des hommes, il a pleuré face à l’angoisse de la mort, sans pourtant désespérer ni cesser de prier et de supplier son Père. Exaucé, il est devenu la cause de notre salut éternel. Jésus est donc capable de comprendre tout ce que nous pouvons éprouver en termes de souffrances ou faiblesses liées à notre humanité, car lui aussi est passé par la souffrance jusqu’à en mourir. Aujourd’hui encore, il est avec tous ceux qui souffrent de différents maux. Il est spécialement proche de ceux et celles qui pleurent les leurs, comme il a pleuré devant la mort de Lazare.
Pour l’évangile, il nous est proposé, comme chaque année, la lecture intégrale de la passion selon saint Jean, aux chapitres 18 et 19. L’auteur du quatrième évangile veut montrer que Jésus n’est pas en train de subir la passion, mais qu’il en est plutôt le maître. En effet, Jésus n’a pas été arrêté comme un malfaiteur qui cherche à s’échapper. Mais il s’est lui-même livré, selon ses propres paroles : ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne (Jn 10, 18). Jésus n’est pas jugé mais c’est lui qui juge et pose des questions. Il interroge les juifs, le grand prêtre, Pilate et aussi le soldat qui l’a frappé. Jésus le juge, pousse ses interlocuteurs à rentrer en eux-mêmes pour se confronter à la vérité. C’est ainsi qu’il nous interroge aussi aujourd’hui sur la justice et la vérité.
Pilate est particulièrement ridiculisé par l’assurance de Jésus. Il est pris dans le piège de sa fausseté et de ses mensonges. C’est un mauvais juge qui se réfugie dans le va et vient entre la foule et Jésus. Alors qu’il est convaincu de l’innocence de Jésus, il finit par le livrer pour qu’il soit crucifié. Pilate a peur des juifs et de César, car il ne veut pas perdre son poste et son pouvoir. Mais en même temps, sans peut être le savoir, c’est lui qui intronise Jésus et le déclare roi. Comme pour officialiser la chose, il inscrit sur l’écriteau en trois langues différentes, que Jésus de Nazareth est le roi des juifs. Oui, la royauté de Jésus doit être proclamée dans toutes les langues !
Parmi les témoins de la passion, l’évangéliste note la présence de Marie et il précise plus d’une fois qu’elle est la mère de Jésus. Elle est silencieuse devant tout ce qui se passe. C’est avec beaucoup de foi qu’elle endure ces évènements et les garde dans son cœur selon ses habitudes (Lc 2, 19). Avant de mourir, Jésus la confie au disciple bien-aimé et ce dernier est aussi confié à Marie. Le disciple bien-aimé nous représente tous car c’est par amour pour nous que Jésus est mort. Jésus nous confie sa mère en nous recommandant à elle, comme quelqu’un qui laisse un testament. Au bas de la croix, Marie devient mère une seconde fois, et nous enfante tous, dans la figure du disciple bien aimé, par delà les douleurs de la passion de son fils.
Ce récit de la passion se termine par l’entrée en scène de Joseph d’Arimathie et de Nicodème qui se montrent au grand jour comme étant des disciples de Jésus alors qu’ils se cachaient auparavant. La passion et la mort de Jésus leur obtiennent le courage d’affronter Pilate pour lui demander le corps de leur maître afin de l’enterrer dans la dignité et ainsi lui exprimer leur reconnaissance. Dans la passion et la mort de Jésus, nous pouvons aussi obtenir beaucoup de grâces comme Nicodème et Joseph d’Arimathie.
Prions pour que le Seigneur Jésus nous guérisse de nos peurs et de nos faiblesses, alors que nous contemplons sa passion et sa mort. Puisse-t-il nous accompagner particulièrement en cette période de crise afin que nous éprouvions la force de sa résurrection et la victoire de la vie sur la mort, du bien sur le mal et de la grâce sur le péché, amen.
Rigobert Kyungu, SJ
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !