Christ-Roi de l’Univers – Année C | Père Rigobert KYUNGU, SJ

Frères et sœurs, nous célébrons ce dimanche la solennité du Christ, Roi de l’univers, qui marque ainsi la fin de l’année liturgique C. La première lecture est tirée du second livre de Samuel (2 Sam 5, 1- 3). La deuxième lecture provient de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens (Col 1, 12-20). Nous lirons l’évangile selon saint Luc (Lc 23, 35-43).

A la fin d’une année liturgique, l’Eglise nous invite à méditer sur la fin des temps, lorsque Jésus reviendra comme Roi pour juger le monde. Mais la royauté de Jésus n’est pas seulement pour le temps de la fin ; elle a déjà commencé, même si à nos yeux, elle ne se révèle pas encore totalement. En effet, dès sa venue dans le monde, Jésus avait été reconnu comme roi (Mt 2, 2). La première lecture d’aujourd’hui fait allusion à l’intronisation de David comme roi. Elle nous a été proposée parce qu’humainement et culturellement parlant, Jésus fait partie de la descendance de David. Cependant, la royauté de Jésus se démarque de celle des hommes. En effet, Jésus n’est pas un roi à la manière du monde. Il avait lui-même déclaré que son royaume n’était pas de ce monde (Jn 18, 36).

A travers son hymne aux Colossiens, saint Paul dans la deuxième lecture, nous fait davantage comprendre la nature de la royauté de Jésus. Saint Paul bénit Dieu parce qu’il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres en nous faisant entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé, par qui nous sommes rachetés et par qui nos péchés sont pardonnés. Pour Paul, c’est en Jésus que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles. Et c’est par le sang de sa croix que Jésus a fait la paix pour tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux. C’est donc par le don total de sa vie que Jésus nous fait entrer dans son royaume qui est éternel.

L’évangile de ce jour montre de plus près comment Jésus exerce sa royauté. Elle est complètement basée sur l’amour qui va jusqu’à donner sa vie. En effet, sur la croix, Jésus subit des humiliations et se laisse maltraiter par ses bourreaux ; il ne réplique pas face à toutes ces moqueries et il observe un silence étonnant. Il n’ouvrira la bouche que pour prier et implorer le pardon de Dieu pour ses bourreaux (Lc 23, 34). Il va aussi l’ouvrir pour répondre à l’un des deux malfaiteurs qui lui demandait de penser à lui dans son royaume. Ce malfaiteur a été témoin du don total de Jésus sur la croix et a été touché par son grand amour, au point de reconnaître sa divinité et sa royauté. Par sa réponse immédiate au bon larron, Jésus montre que par delà son silence et son apparente impuissance, il exerce déjà le pouvoir de son royaume, et peut accorder le paradis à quiconque le désire de tout son cœur.

Dans les vociférations des adversaires de Jésus, se cache le diable qui suggère à Jésus de prouver sa royauté en descendant de la croix. C’est de cette même manière qu’il lui demandait de changer la pierre en pain ou de se jeter de haut en bas pour prouver qu’il est le Fils de Dieu (Lc 4, 1-13). Mais Jésus préfère rester fidèle à son Père en lui obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la croix (Phil 2,8). Car il n’y a pas d’autre manière de montrer qu’il est le fils de Dieu, messie, sauveur et roi, qu’en aimant jusqu’au bout, même ses propres ennemis.

Cet évangile nous apprend ainsi que le meilleur moyen d’exercer le pouvoir, à quelque niveau que ce soit, c’est d’aimer jusqu’au bout, à l’instar de Jésus qui est venu non pas pour s’imposer et se servir, mais plutôt pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude (Mc 10, 45). Jésus nous invite, dès maintenant à adhérer à son royaume et à sa manière d’aimer. Puissions-nous le laisser prendre possession de nos vies et établir son règne dans nos cœurs. Et avec le bon larron, répétons sans cesse : « Jésus, souviens de moi quand tu viendras dans ton royaume », amen !

Rigobert Kyungu, SJ