20ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année C (Père Rigobert KYUNGU, SJ)

Frères et sœurs, nous célébrons aujourd’hui le 20^ème dimanche du T.O. de l’année liturgique C. La première lecture est tirée du livre du prophète Jérémie (Jr 38, 4-6.8-10). La seconde lecture provient de la lettre aux Hébreux (Hb 12, 1-4). Nous lirons l’évangile selon saint Luc (Lc 12, 49-53).

Ces lectures nous invitent à persévérer dans notre lutte contre le mal.

La première lecture nous rapporte l’épisode de l’arrestation du prophète Jérémie qui fut jeté dans une citerne pour avoir dit la vérité au roi Sédécias et à ses princes. En effet, le Seigneur avait révélé à Jérémie que Sédécias et son armée ne pouvaient pas résister face à l’imminente attaque de l’armée babylonienne. Le prophète Jérémie eut le courage de demander au roi Sédécias de se rendre pour sauver sa vie et celle de son peuple. Malheureusement, Jérémie ne fut pas entendu. Au contraire, il fut puni et jeté dans une citerne ; sa vie était donc en danger. Une fois sortit de la prison, il répéta la même vérité au roi Sédécias, comme on peut le lire au 39^ème chapitre de son livre.

Dans la deuxième lecture, l’auteur de la lettre aux Hébreux nous exhorte à imiter l’endurance de Jésus et de méditer son exemple dans notre lutte contre le péché. Il nous invite à résister au péché, même jusqu’au sang. Et dans l’évangile, Jésus utilise un langage fort curieux, pareil à une déclaration de guerre. Il dit qu’il est venu allumer un feu sur la terre, et qu’il n’est pas venu apporter la paix mais plutôt la division. En fait, il s’agit du feu de l’Esprit Saint qu’il enverra au jour de la pentecôte. Saint Luc qui nous rapporte ce passage est aussi l’auteur des Actes des apôtres où l’on décrit la venue de l’Esprit sous forme de langues de feu, au jour de la pentecôte (Ac 2, 1-4). Dans notre évangile, Jésus se dit impatient d’envoyer cette force, pour aider ses disciples dans leur lutte contre le mal. Cependant, pour que Jésus envoie l’Esprit, il faudrait qu’il passe d’abord par l’expérience de la mort, à travers laquelle se révélera l’hostilité des pécheurs. C’est le baptême dont il parle et face auquel il ressentait de l’angoisse.

En déclarant qu’il n’est pas venu apporter la paix, Jésus ne contredit pas le message des anges qui, à sa naissance, avaient chanté « gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur terre paix aux hommes » (Lc 2, 14). Car Jésus demeure toujours le Prince de la paix dont parle Isaïe (Is 9, 6). Et même lorsqu’il entra dans Jérusalem, le peuple qui chantait « hozanna » reconnaissait en lui le roi qui apportait la paix du ciel (Lc 19, 38).

En effet, Jésus veut montrer qu’en combattant le mal, on rencontre nécessairement de l’opposition et de la division qui peuvent paraître comme un manque de paix. Il nous sied de comprendre ici que la paix de Jésus ne signifie pas l’absence de conflit. Elle est différente de celle des hommes ; elle est un don de Dieu et fruit de l’Esprit (Ga 5, 22). C’est la paix qui s’obstient à force de combattre le mal et le péché. Jésus lui-même a promis de nous donner cette paix (Jn 14, 27). Et dans les béatitudes, il nous exhorte à être à notre tour des artisans de paix (Mt 5, 9). Il nous revient de nous engager dans la lutte contre le mal et le péché, en bravant tous les obstacles possibles, sans nous décourager. Nous ne devons donc pas craindre les divisions possibles dans nos familles, dans l’Eglise et dans la société, lorsque nous luttons contre le mal. Cependant, nous devrons à la fois œuvrer pour l’unité car c’est encore Jésus lui-même qui nous parle de l’unité et qui a prié pour que nous soyons uns (Jn 17, 11). Mais cette unité a un prix, celui du sacrifice et de la persévérance dans la lutte contre le mal sous toutes ses formes.

A la lumière de ces lectures, demandons au Seigneur de raviver en nous le feu de son Esprit afin qu’il nous rende capables d’œuvrer pour la paix et l’unité, sans nous décourager, et de combattre le bon combat comme le dit encore saint Paul à son disciple Timothée (1 Tim 6, 12), amen.

Rigobert Kyungu, SJ