Le Saint Sacrement du corps et du sang du Christ – Année C (Père Rigobert KYUNGU, SJ)
Frères et sœurs, nous célébrons aujourd’hui la solennité du Corps et Sang de Jésus-Christ, appelée aussi la fête du Saint Sacrement ou « Fête-Dieu ». Elle a été instituée au 13ème siècle après le miracle eucharistique de Bolsena, en Italie, où un prêtre qui ne croyait pas en la présence réelle de Jésus dans l’eucharistie assista au saignement de l’hostie qui colora de rouge le corporal qu’il utilisait.
Ce corporal est conservé dans la cathédrale de la ville d’Orvieto, toujours en Italie. Et la messe de la Fête-Dieu a été composée par saint Thomas d’Aquin, à Orvieto, en 1264. A la même époque, deux religieuses belges, Julienne du Mont-Cornillon et Eve de Liège, ont aussi milité pour que cette fête soit célébrée dans l’Eglise universelle.
Pour cette année liturgique C, la première lecture est tirée du livre de la Genèse (Gn 14, 18-20). La deuxième lecture provient de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (1 Cor 11, 23-26). Nous lirons l’évangile selon saint Luc (Lc 9, 11-17).
Ces lectures nous montrent que le sacrement de l’eucharistie institué par Jésus le jeudi saint, tire ses racines dans l’Ancien Testament. Dans la première lecture, le prêtre Melchisédech utilise le pain et le vin pour rendre grâces à Dieu, et bénir Abraham qui venait présenter le dixième de ses avoirs. La deuxième lecture atteste que du temps de Paul, le repas eucharistique était déjà une tradition bien établie. Saint Paul accomplit le devoir de transmettre la tradition qu’il a reçue. Lorsque nous célébrons l’eucharistie, nous nous inscrivons dans cette même tradition apostolique.
A la suite de la recommandation de Jésus, « faites ceci en mémoire de moi », l’Eglise a toujours cru en la présence réelle de Jésus dans l’eucharistie. Il nous revient d’en approfondir le sens pour éviter de tomber dans la routine lorsque nous participons à l’eucharistie. Car à travers ce repas, c’est Jésus lui-même qui se donne à nous, comme il l’avait tant désiré.
Dans le passage de la multiplication de pains, nous retrouvons le vocabulaire eucharistique utilisé à chaque messe, à savoir prendre le pain, rendre grâces, rompre le pain et le donner. C’est ce même vocabulaire que Jésus a utilisé lors de la dernière cène (Lc 22, 19-20), et lors du repas avec les disciples d’Emmaüs (Lc 24, 30). La multiplication de pains est comme une anticipation de l’institution de l’eucharistie, alors que la scène de la fraction du pain à Emmaüs est une reprise du repas eucharistique. Le don de Jésus à travers le repas eucharistique anticipait aussi le sacrifice de sa vie sur la croix. Jésus nous donne ainsi l’exemple du don total de soi. Et dans ce sens, le repas eucharistique exclut tout égoïsme et invite à se donner pour œuvrer à ce que tous aient du pain. Le repas eucharistique nous envoie donc pour rendre présent Jésus dans le monde. A l’instar des disciples d’Emmaüs qui, après la fraction du pain s’en sont retournés à Jérusalem, nous sommes aussi envoyés, à la fin de chaque messe, pour aller en mission et témoigner de notre foi, de notre espérance et de notre charité, notamment envers les pauvres. Voilà pourquoi, à la fin de chaque messe, le prêtre nous renvoie en disant : « allez dans la paix du Christ », en utilisant le même verbe que Jésus lorsqu’il disait à ses apôtres : « allez dans le monde entier, de tous les peuples faites mes disciples » (Mt 28, 19-20). Prendre part au repas eucharistique nous met donc devant le défi de conformer notre vie à celle de Jésus.
A l’occasion de cette fête, demandons au Seigneur de nous donner la grâce de toujours nous émerveiller devant ce grand mystère qu’est l’eucharistie, et qu’en y communiant, nous puissions oser donner notre vie pour le salut de nos frères et de nos sœurs, comme Jésus nous l’enseigne. Amen.
Rigobert Kyungu, SJ
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